[ANALYSE] Le référentiel des civic tech actives en France - mai 2022
Où en est l’offre de la démocratie numérique en France ?
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Cette nouvelle analyse, qui s’inscrit dans le cadre des travaux de l’Observatoire des civic tech et de la démocratie numérique sur le marché de la civic tech, vient actualiser les précédentes études déjà menées et donne à voir la situation actuelle de cet écosystème. Elle se base sur les éléments renseignés par 27 structures civic tech à travers un questionnaire, adressé entre janvier et avril 2022.
Ces réponses nous ont permis d’établir un référentiel regroupant les données principales sur ces 27 structures et les outils qu’elles proposent. Cet « annuaire », à destination de tout type d’acteurs ayant mis ou souhaitant mettre en place un dispositif numérique de participation citoyenne, leur permettra d’effectuer des choix mieux informés et éclairés et de trouver des outils adaptés à leurs besoins. Il présente également une vue globale de l’offre existante recensée.
Ce référentiel ne donne pas de recommandations mais un aperçu des possibilités, sans jugement de valeur et se base sur la déclaration des structures répondantes. De fait, nous ne prétendons pas être exhaustifs car les solutions numériques visant à faciliter la concertation sont de plus en plus nombreuses et diversifiées et de nouveaux outils ou structures voient régulièrement le jour.
Les structures actives en dehors du territoire français peuvent être consultées à travers les travaux de People Powered.
Le formulaire reste ouvert toute l’année : n’hésitez pas à le remplir ! Nous actualiserons régulièrement la base de données.
LES CIVIC TECH : QUELQUES ÉLÉMENTS DE DÉFINITION
Comme évoqué dans notre Cartographie de la civic tech en France, réalisée en 2019, les civic tech peuvent être définies « comme les applications mobiles et plateformes web ayant pour objectif de transformer l’engagement et la participation citoyenne ». Le référentiel et cette analyse se focalisent sur les structures civic tech qui commercialisent un outil pour les collectivités et les entreprises. D’autres types de civic tech, inspirées par la tech for good, le web contributif ou le monde de la construction de l’opinion, existent également.
Les civic tech se sont développées à la fois en lien avec l’État et les collectivités locales autour de cette idée de moderniser l’action publique mais aussi avec les grandes entreprises et agences publiques ou privées, maîtres d’ouvrages de projets d’aménagement, en particulier dans les domaines de l’environnement, de l’urbanisme ou de la politique de la ville. Ces acteurs travaillent en collaboration avec les institutions et ne se considèrent pas comme un contre-pouvoir. Ils ont peu à peu construit un « marché de la participation » (Cartographie de la civic tech en France, 2019).
LA CIVIC TECH : UN MARCHÉ FLORISSANT POUR LES ENTREPRISES PRIVÉES
Les structures renseignées dans notre référentiel prennent des formes juridiques différentes, même si les entreprises privées et entreprises appartenant au secteur de l’économie sociale et solidaire sont majoritaires.
Graphique 1. Répartition des formes juridiques des 27 structures renseignées dans le Référentiel des civic tech actives en France, en mai 2022.
Ce marché est assez jeune car les civic tech ont surtout vu le jour dans la seconde partie des années 2010 : 22 des 27 structures répondantes ont été créée après 2014. Cet écosystème se renouvelle continuellement, puisque 6 nouvelles structures l’ont rejoint depuis 2018. Les entreprises existant depuis les années 1990 ou 2000 proposent historiquement des prestations de conseil et ont, depuis leur création, développé un outil numérique supplémentaire.
Graphique 2. Années de création des 27 structures renseignées dans le Référentiel des civic tech actives en France, en mai 2022.
Les structures renseignées dans notre référentiel proposent ainsi une expertise de la participation citoyenne mais surtout un outil numérique qu’elles mettent à disposition de leurs clients pour développer, accompagner ou compléter une ou plusieurs de leurs démarches de participation.
Pour les grands cabinets et les leaders du marché, le chiffre d’affaires peut dépasser le million d’euros alors que celui des plus petites structures s’élève à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Cependant, la moitié des répondants s’est montrée réticente à l’idée de communiquer cette donnée. Les agences de conseil ont souvent davantage de salariés, notamment consultants, que les structures purement civic tech qui s’appuient sur des petites équipes d’une dizaine de personnes. La plupart de ces entreprises sont domiciliées en France, sauf 6 d’entre elles qui ont leur siège ailleurs en Europe.
ENTRE LOGICIEL PROPRIETAIRE ET OPEN SOURCE : DES MODELES ECONOMIQUES QUI DIFFERENT
Les 27 structures référencées proposent toutes des outils numériques pour organiser et faciliter la concertation. Cependant, une des différences repose sur le modèle économique de leur logiciel. 8 d’entre elles travaillent avec des logiciels open source. Ces structures commercialisent alors des services d’installation, d’adaptation et d’accompagnement autour de ce logiciel.
D’autres civic tech ont fait le choix du logiciel propriétaire. Leur modèle économique se base alors également sur la vente de licences. Cependant, on observe que l’open source se généralise de plus en plus sur ce marché, puisque certaines structures ont fait le choix d’ouvrir une partie, voir l’intégralité, de leur code source. L’écosystème de la civic tech se voit tiraillé entre partage des savoirs communs et compétitivité, pour faire fonctionner son modèle économique.
Graphique 3. Répartition des modèles économiques des 27 structures renseignées dans le Référentiel des civic tech actives en France, en mai 2022.
UN OUTIL PLEBISCITE PAR LES POUVOIRS PUBLICS
Les collectivités sont les premières clientes des civic tech recensées dans notre référentiel (26 d’entre elles travaillent avec ce type d’acteurs). Les institutions de l’État sont le groupe d’utilisateurs le plus important après les associations et les entreprises. Viennent ensuite les partis politiques et les institutions internationales. Le recours à des outils numériques de participation par les pouvoirs publics est de plus en plus fréquent.
Par ailleurs, il y a quelques écarts en termes d’acquisition de part du marché, parmi les civic tech qui nous ont communiqué leurs nombres de clients. 8 d’entre elles travaillent avec moins de 100 clients, 11 ont un portefeuille qui varient entre 100 et 300 clients et une seule compte plus de 1 000 organisations utilisatrices. Ces différences s’expliquent souvent par la taille de l’entreprise. Ces clients se trouvent majoritairement en France, mais certaines structures travaillent également avec des acteurs européens et internationaux.
LES MODULES PROPOSES : DES FONCTIONNALITES DE BASE AUX NOUVELLES TECHNIQUES ÉMERGENTES
La plupart des outils renseignés sont proposés en marque blanche et permettent à l’administrateur de développer une application/plateforme avec des fonctionnalités adaptées à ses besoins. Celles-ci sont assez diverses et de nouvelles voient régulièrement le jour, pour suivre les évolutions des pratiques de participation citoyenne.
Certains modules sont néanmoins incontournables et se retrouvent aujourd’hui dans la quasi-totalité des offres recensées dans notre référentiel. Ainsi, presque tous les outils intègrent la possibilité d’organiser des sondages/enquêtes, de mettre en place des boites à idées, des consultations, un budget participatif ou encore une cartographie participative et de créer un espace d’échange. Des modules de pétition et d’organisation/animation d’ateliers numériques existent également mais sont un peu moins répandus.
De plus, des modules liés à la communication et à l’organisation d’événements (billetterie, agenda) sont proposés sur certains outils. En parallèle, on remarque l’arrivée de nouvelles fonctionnalités telles que le débat et la votation, le financement participatif ou encore les balades interactives.
Alors que certains outils incluent la plupart des modules possibles, d’autres se focalisent sur quelques fonctionnalités clés ou les intègrent dans une application plus large de communication et information entre collectivité et citoyen.
LA METHODE D’IDENTIFICATION : VERS UNE DEMOCRATIE FACILITEE ET AUTHENTIFIEE ?
L’identification à ces plateformes se fait le plus souvent par adresse mail ou via les réseaux sociaux. Depuis quelques années, les outils offrent la possibilité de s’identifier via France Connect, une solution proposée par l’État pour gérer son « identité numérique » (13 structures recensées dans notre référentiel l’utilisent). Cette technique de vérification d’identité permet une participation plus sécurisée et mieux régulée, notamment lorsque des démarches ont un caractère contraignant. Elle n’est pas encore majoritaire mais se généralise de plus en plus et pourrait faire franchir un palier supplémentaire à l’institutionnalisation de la participation.
LES SERVICES D’ACCOMPAGNEMENT : AU-DELA D’UN SIMPLE APPUI TECHNIQUE
Comme évoqué dans notre Cartographie de la civic tech en France (2019), les civic tech se rémunèrent principalement grâce à des prestations d’accompagnement de base (formation et aide au déploiement de la plateforme) mais aussi grâce à des prestations à la carte, qui vont au-delà de l’outil, comme notamment la conception, l’animation et la communication autour d’une démarche participative, pour les plus répandues. Les clients peuvent aussi bénéficier de guides et ressources et accéder à un réseau d’échange inter-utilisateurs.
Les services d’accompagnement se concentrent donc généralement sur un appui technique autour de l’outil et sur des conseils donnés en parallèle de la mise en place de la démarche numérique.
LES INNOVATIONS DU SECTEUR : QUELLE PLACE POUR LES TECHNIQUES D’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ?
Les structures civic tech explorent de plus en plus les atouts de l’intelligence artificielle dans la participation numérique : analyse de données de fréquentation automatique, algorithmes, reconnaissance du langage naturel, analyse automatisée et sémantique...
Cependant, l’utilité de ces techniques dépend de l’acteur qui déploie le dispositif numérique et de sa capacité de mobilisation. En effet, dans le cas des collectivités, le nombre de contributions et le travail de synthèse de celles-ci reste souvent à portée humaine, alors que pour certaines grandes consultations (par exemple au niveau national), les contributions peuvent se compter par dizaine de milliers et nécessiter alors un traitement par l’intelligence artificielle.
Il reste ainsi à suivre quelle place ces techniques prendront à long terme.

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