[Retour d'expérience] Numérique et dialogue citoyen à Nantes
Le 15 mai 2019, Décider ensemble et la mission Ecoter ont organisé un colloque rassemblant praticiens et experts de la participation citoyenne numérique pour discuter des moyens et compétences nécessaires pour mettre en place ces démarches dans les collectivités. L’objectif de cette rencontre était de poser le regard sur ce qui est souvent un « angle mort » du sujet, c’est-à-dire la conduite en interne de ces démarches participatives, les méthodes et compétences mobilisées pour mener ces projets et les difficultés rencontrées, du portage de l’idée jusqu’au retour au citoyen. Lors de ce colloque, six collectivités ont présenté leurs retours d’expérience. Cet article est issu d’une présentation réalisée lors de cet événement.
Retour d’expérience de Louise Rigollier, Nantes Métropole, chargée de mission dialogue citoyen, numérique et civic tech.
Le numérique, un outil à mobiliser dans le cadre du dialogue citoyen pour diversifier les contributions et augmenter la transparence des démarches participatives.
Nantes a réalisé une réflexion longue sur la question du dialogue citoyen, pour répondre à une ambition politique et managériale forte de participation citoyenne. En 2008, la métropole a établi l’objectif de passer du « vivre-ensemble » au « faire-ensemble ». En 2014, la ville a commencé à établir les objectifs et principes du dialogue citoyen.
L’idée principale est que le dialogue citoyen appartient à tous et touche à toutes les politiques publiques. Afin répondre à cette ambition, un service d’une dizaine de personnes a été mis en place de façon transversale. En effet, une centaine d’agents au moins sont concernés par la participation citoyenne.
Le dialogue citoyen doit se dérouler tout au long de la politique, du diagnostic à la décision. Pour cela, chaque projet possède un cahier des charges qui comprend un diagnostic en amont : il définit ce qui peut être réalisé, comment prendre en compte la parole des citoyens à chaque étape, ainsi que les questions à discuter en atelier. A la fin de ce processus, un avis est produit en direction des services qui instruisent les dossiers. La dernière étape de la procédure concerne les élus, qui effectuent un arbitrage et produisent une réponse argumentée. Ainsi, le citoyen sait à quoi va servir sa contribution.
Pour permettre la participation de tous, à chaque étape, la démarche allie présentiel et numérique. Un dialogue uniquement numérique est impossible : c’est un outil en plus par rapport à d’autres possibilités, dont il faut au préalable évaluer l’utilité et la pertinence dans le processus de dialogue citoyen. Cependant le numérique permet indéniablement d’augmenter la transparence. Pour chaque démarche, les dispositifs, documents et discussions sont publiées afin de rendre compte du débat et le mettre en récit.
L’usage du numérique repose sur 3 piliers :
- la communication – un « aller-vers » numérique qui consiste à aller là où se trouvent les citoyens pour soutenir la participation à une dynamique délibérative,
- le recrutement – un élargissement des panels en proposant aux citoyens de s’inscrire en ligne et en permettant la participation à distance, et
- le lien avec le présentiel.
Le numérique permet d’augmenter le nombre de participants (on observe un élargissement de la participation notamment en termes d’âges des participants), d’améliorer la transparence (la visibilité de la décision publique et de l’apport des citoyens), et de faciliter la contribution numérique sur le temps disponible du citoyen, avec des modes de contribution diversifiés.
Il faut partir de la démarche pour aller vers l’outil (et non l’inverse). La métropole a donc engagé une démarche de dialogue avec les habitants pour recueillir leurs attentes pour l’outil. Celui-ci est en phase de test, les retours citoyens permettront d’améliorer son contenu. Le site, relativement récent, compte déjà deux mille visiteurs hebdomadaires.
Quelles sont les compétences et métiers nécessaires pour la mise en place d’un outil numérique ?
Louise Rigollier présente son rôle dans cette démarche, qui est multiple : garantir la transparence à chaque étape, accompagner les chefs de projet, évaluer les besoins, assurer « l’aller-vers » numérique, former les services des collectivités, intégrer les citoyens dans la stratégie numérique, mais aussi relier la participation citoyenne à l’open data et réaliser une veille sur les nouvelles pratiques, outils et usages du numérique.
Les directions métier ont intégré à 80% le dialogue citoyen dans leurs démarches, et font appel au service transversal dès qu’une démarche participative est conçue. Pour chaque démarche, la métropole établit un mandat de participation citoyenne avec le service technique, qui reste pilote de la démarche. L’élu concerné a un rôle central par son portage politique, pour déterminer les questions du mandat, et il participe aux ateliers citoyens. Le service dialogue citoyen vient en accompagnement, notamment car certains des services ne sont pas habitués à être en contact avec les citoyens. Cependant, les chefs de projet ont exprimé leur volonté d’aller plus loin dans ces démarches.
Le recours au numérique s’est ainsi fait pour répondre à une volonté de transparence, mais aussi car les chefs de projet le ressentent comme un besoin des citoyens qu’ils côtoient sur le terrain. Il y a des limites et contraintes, notamment en termes de temps, car la démarche de dialogue citoyen est relativement chronophage. Mais la participation s’impose aujourd’hui comme partie d’une culture commune dans tous les services.
L’inclusion est l’un des aspects sur lesquels la collectivité cherche aujourd’hui à aller plus loin : en articulant numérique et présentiel, mais aussi en cherchant moins la représentativité parfaite qu’une diversité représentée en termes de territoires, de genre, de tranches d’âge, etc. Dans le cas du numérique, de nouvelles méthodes sont à l’essai, notamment pour le design des outils, qui peut faciliter l’accueil de tous les citoyens.
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