Réseaux sociaux : espaces pour le débat et la décision collective ?

Lundi 10 décembre 2018

Le think tank Décider ensemble et l'Observatoire des civic tech & de la démocratie numérique ont organisé un colloque intitulé "Débattre et décider à l'ère des réseaux sociaux".

Alors que les « gilets jaunes » ont montré une fois de plus le pouvoir des réseaux sociaux pour l’organisation et la diffusion d’un mouvement social, l’effet de ces mêmes réseaux sur le débat public est remis en question. Conspirationnisme, fausses informations, brutalisation du débat, « bulles de filtre », manipulation de l’opinion : les réseaux sociaux sont accusés de tous les maux.

L'avènement et l'expansion du mouvement "Gilets jaunes" a été rendu possible grâce aux réseaux sociaux. Matthieu ORPHELIN, député du Maine-et-Loire et vice-président de Décider ensemble, a ouvert ce colloque en rappellant ce chiffre significatif qui reflète la force des réseaux sociaux dans ce soulèvement collectif : 2 660 000 de personnes identifiées comme gilets jaunes réels ou potentiels ont échangés sur les réseaux sociaux notamment par le biais de groupes Facebook et de conversations Twitter. Percutant les habitudes du débat politique en France, ce mouvement est devenu le symbole d'une ère où prime l'instantanéité et l'ouverture de l'information au public. Le député a souligné que les réseaux sociaux permettent de mettre chaque parole citoyenne sur un pied d’égalité, mais qu’ils ne permettent pas pour autant de faciliter le dialogue sur le terrain.

Afin de construire un débat collectif riche et innovant, les intervenants de ce colloque ont relevé la nécessité d'allier les interactions émises sur les réseaux sociaux et les échanges conclus sur le terrain, tout en évitant les fausses informations. Pour Romain BADOUARD, maître de conférences à l’Université Paris II Panthéon-Assas, les réseaux sociaux sont l’une des arènes principales du débat public, au coeur de laquelle les opinions coexistent et se confrontent. En tant que grand témoin, il a proposé en conclusion du colloque quatre remarques sur le rôle des réseaux sociaux pour la participation citoyenne :

1. Les réseaux sociaux ont fourni un espace de libération de la prise de parole, notamment en permettant de s’affranchir de certains des carcans sociaux qui pèsent sur l’expression au quotidien ;
2. Puisque les réseaux sociaux agrègent différentes opinions et prises de position, ils peuvent servir à mieux comprendre l’opinion et ses mouvements à travers une activité de veille en ligne ;
3. Les réseaux sociaux et les débats ou mobilisations qui s’y déroulent peuvent être des canaux de politisation pour des publics éloignés de la politique ;
4. L’engagement « push-button » (participer en un clic), parfois considéré comme une forme peu noble de participation, peut permettre à de nouveaux publics d’exprimer plus facilement leurs opinions et de les agréger en mouvements collectifs.

Retrouvez-ci dessous le communiqué de presse sous son format original, ainsi que le livret contenant le programme du colloque.

L'article de Localtis, "Démocratie participative et réseaux sociaux : comment avancer ?", 11 décembre 2018.

L'article d'Horizons Publics: "D’une démocratie « sauvage » a une démocratie « domestiquée » : quel rôle pour les réseaux sociaux ?", 3 janvier 2019